César Vallejo, né le 16 mars 1892 à Santiago de Chuco, au Pérou, est considéré comme l’un des plus grands poètes de langue espagnole et un écrivain fondamental du XXe siècle. Ses œuvres, empreintes de douleur, de compassion, et d’engagement politique, ont influencé de nombreux écrivains et penseurs dans le monde entier. Sa poésie est réputée pour son caractère novateur, notamment dans l’utilisation du langage, des rythmes et des thématiques existentielles et sociales.
César Vallejo est né dans une famille modeste d’origine indigène, dans une petite ville des Andes péruviennes. Dès son jeune âge, il est exposé aux difficultés de la vie rurale et aux inégalités sociales, des thèmes qui marqueront profondément son œuvre. Après ses études secondaires, il part pour Trujillo, où il s’inscrit à l’Université nationale de Trujillo pour étudier la littérature et la philosophie.
Ses débuts en littérature sont marqués par une série de poèmes influencés par les modernistes de l’époque, mais rapidement, il s’écarte des courants littéraires traditionnels pour développer une voix plus personnelle, axée sur la réalité sociale et les souffrances humaines.
En 1919, Vallejo publie son premier recueil de poèmes intitulé Los Heraldos Negros (Les Hérauts noirs). Ce recueil évoque la douleur existentielle et les épreuves de l’humanité, reflétant la vision tragique de la vie que Vallejo a acquise en observant la misère et l’injustice sociale au Pérou. Le poème titre du recueil est particulièrement célèbre pour la force émotionnelle de son langage et la puissance de son imagerie symbolique.
Los Heraldos Negros s’impose comme une œuvre fondamentale de la poésie hispanophone, et bien que Vallejo ne soit pas immédiatement reconnu pour son génie littéraire, ce recueil lui permet de se faire un nom parmi les poètes avant-gardistes de son époque.
En 1923, César Vallejo s’installe à Paris, où il se lie d’amitié avec les grands écrivains et artistes de l’avant-garde européenne, tels que Pablo Neruda et Vicente Huidobro. Il traverse une période de grande précarité financière, mais cela ne l’empêche pas de continuer à écrire. Durant son séjour à Paris, il publie Trilce (1922), une œuvre radicalement novatrice qui rompt avec toutes les conventions poétiques de l’époque.
Trilce est considéré comme l’un des recueils de poésie les plus audacieux et les plus difficiles de la langue espagnole. Les poèmes qui le composent sont marqués par une syntaxe brisée, des néologismes et des constructions linguistiques inhabituelles qui reflètent l’angoisse intérieure et la fragmentation du monde moderne. Si Trilce n’a pas été bien reçu au moment de sa publication en raison de sa complexité, il est aujourd’hui reconnu comme une œuvre pionnière de la poésie moderne.
Dans les années 1930, César Vallejo s'engage de plus en plus dans la politique. Profondément influencé par le marxisme, il devient un fervent défenseur des opprimés et critique des systèmes d’exploitation capitalistes. Il participe activement aux débats politiques de son temps, écrivant des articles pour des journaux de gauche et soutenant la cause républicaine pendant la guerre civile espagnole.
Ses œuvres de cette période, comme L'Homme aux quarante bœufs, reflètent cet engagement politique et humaniste. Vallejo utilise la poésie pour exprimer sa solidarité avec les travailleurs, les paysans et tous ceux qui souffrent de l'injustice sociale. Sa prose et sa poésie deviennent des instruments de dénonciation des inégalités et des atrocités commises par les régimes autoritaires.
Durant les dernières années de sa vie, César Vallejo continue d’écrire, malgré sa mauvaise santé et sa situation financière difficile. En 1939, peu de temps avant sa mort, il termine son dernier grand recueil de poèmes, Poemas humanos (Poèmes humains), qui ne sera publié qu’après sa mort.
Poèmes humains est considéré comme le sommet de son œuvre. Dans ce recueil, Vallejo parvient à combiner ses préoccupations personnelles et existentielles avec ses engagements politiques. Il s’agit d’une œuvre puissante et émotive, qui traite de la souffrance humaine dans un contexte de guerre, de pauvreté et d’oppression. Le ton y est profondément humaniste et universel.
César Vallejo meurt le 15 avril 1938 à Paris, dans la pauvreté et l’oubli relatif. Il est enterré au cimetière de Montparnasse, loin de sa terre natale. Ce n’est qu’après sa mort que son génie littéraire est pleinement reconnu. Aujourd’hui, il est célébré comme l’un des plus grands poètes péruviens et latino-américains, dont l’influence se fait encore sentir dans la poésie contemporaine.
Son œuvre, caractérisée par une profonde compassion pour les souffrances de l’humanité et un engagement inébranlable envers la justice sociale, continue d’inspirer des générations d’écrivains, de poètes et de militants. Ses poèmes, traduits dans de nombreuses langues, sont étudiés dans le monde entier et restent une source inépuisable de réflexion sur la condition humaine.
Avec des œuvres telles que Les Hérauts noirs, Trilce et Poèmes humains, César Vallejo a marqué à jamais l’histoire de la littérature mondiale, et son nom restera à jamais associé à une poésie à la fois intime et universelle, moderne et intemporelle.