Francisco Ximénez de Cisneros, né en 1436 à Torrelaguna, dans la région de Madrid, est l'une des figures les plus influentes de l'Espagne du XVe siècle. Cardinal, réformateur religieux, et homme d'État, il a joué un rôle clé dans la montée en puissance de l'Espagne comme force politique et religieuse majeure. En tant qu’archevêque de Tolède et grand inquisiteur, il a été au centre de nombreuses réformes ecclésiastiques et a laissé un héritage durable dans l'histoire de l'Église catholique et du royaume espagnol.
Francisco Ximénez de Cisneros est issu d'une famille modeste, mais il a reçu une éducation qui l'a conduit à devenir l'un des érudits les plus respectés de son temps. Il a d'abord étudié le droit canonique à l'université de Salamanque, avant d'entamer une carrière ecclésiastique. Son talent et sa piété ont rapidement attiré l'attention, et en 1482, il a été nommé confesseur personnel de la reine Isabelle Ire de Castille, ce qui l'a propulsé au sommet du pouvoir religieux en Espagne.
En 1495, Cisneros a été nommé archevêque de Tolède, le plus haut poste ecclésiastique en Espagne. À ce titre, il a entrepris de nombreuses réformes pour renforcer la discipline au sein du clergé et promouvoir un retour à une vie monastique plus stricte. Il est également devenu le grand inquisiteur, un poste qui lui a donné une immense influence sur les affaires religieuses du pays. Sous sa direction, l'Inquisition espagnole a poursuivi sa lutte contre les hérétiques, notamment les musulmans et les juifs convertis, appelés « conversos ».
En tant qu'homme de lettres, Francisco Ximénez de Cisneros a fondé l'université d'Alcalá en 1499, qui est rapidement devenue un centre de savoir et de recherche en Europe. Sous sa direction, l’université a publié l’une des œuvres majeures de la philologie biblique, la Bible polyglotte complutense, une édition multilingue des Écritures visant à améliorer la compréhension des textes sacrés. Cette entreprise intellectuelle reflétait son désir de promouvoir une éducation religieuse rigoureuse basée sur l'étude des sources originales.
En plus de ses contributions religieuses, Cisneros a joué un rôle politique de premier plan. À la mort du roi Ferdinand II d'Aragon en 1516, il est devenu régent du royaume de Castille en attendant l’arrivée de Charles de Habsbourg, futur Charles Quint. En tant que régent, il a consolidé l’autorité royale et entrepris des réformes administratives pour renforcer l'État espagnol. Sa régence, bien que courte, a été marquée par une stabilité relative et une continuité dans la politique de centralisation.
Cisneros a laissé un héritage religieux et intellectuel important. Il a réformé l'Église espagnole, renforcé l'Inquisition et fondé des institutions qui ont influencé la pensée religieuse pendant des siècles. Cependant, son rôle dans l’Inquisition et sa politique envers les minorités religieuses demeurent controversés. Son zèle pour purifier la foi catholique a souvent conduit à des persécutions sévères, bien que ces actions soient vues dans le contexte de l’époque comme nécessaires pour préserver l’unité religieuse du royaume.
Francisco Ximénez de Cisneros est mort le 8 novembre 1517, alors qu'il se préparait à rencontrer Charles Quint pour lui remettre le pouvoir. Sa mort a marqué la fin d'une époque de réformes religieuses et politiques intenses. Son influence, cependant, a perduré longtemps après sa mort, et son nom reste associé à certains des changements les plus profonds de l'Espagne du début de l'ère moderne.
En dépit des critiques, Francisco Ximénez de Cisneros est reconnu comme l’un des réformateurs les plus importants de l’histoire espagnole. Il a joué un rôle clé dans la consolidation de l’Espagne en tant que puissance catholique et dans la promotion de l’éducation religieuse. Son influence sur les affaires politiques et religieuses de son temps a laissé une empreinte durable, bien que son héritage soit teinté de complexité en raison de son rôle dans l’Inquisition.