Ciro Alegría, né le 4 novembre 1909 à Sartimbamba, dans la région de La Libertad au Pérou, est l'un des plus grands écrivains péruviens du XXe siècle. Connu pour son engagement en faveur des peuples indigènes et des paysans péruviens, son œuvre littéraire dépeint avec une grande humanité la vie rurale et les luttes sociales des communautés andines. À travers ses romans et nouvelles, Alegría a non seulement contribué à la littérature péruvienne et latino-américaine, mais il a également donné une voix aux opprimés et a cherché à sensibiliser le monde aux injustices sociales.
Ciro Alegría est né dans une région rurale des Andes, une terre de montagnes, de rivières et de vastes étendues agricoles. Cette enfance passée dans un cadre naturel et traditionnel a profondément influencé sa sensibilité artistique et son engagement social. Très tôt, il a été témoin des difficultés vécues par les populations indigènes et les paysans, qui souffraient de l'injustice, de l'exploitation et de la pauvreté.
Il a fait ses études à Trujillo, où il a fréquenté le groupe intellectuel APRA (Alliance Populaire Révolutionnaire Américaine), un mouvement politique qui prônait la justice sociale et la défense des droits des peuples autochtones. Cet engagement politique l'a conduit à une première arrestation et à l'exil, mais il a également nourri son désir de s'exprimer à travers l'écriture.
Les œuvres de Ciro Alegría sont marquées par une profonde empathie pour les communautés indigènes et rurales du Pérou. À travers ses romans, il a cherché à rendre compte des luttes de ces populations face à l'oppression et à l'exploitation par les grands propriétaires terriens, appelés "gamonales". Son engagement littéraire est indissociable de son engagement politique, et il a souvent été considéré comme un écrivain militant, utilisant ses récits pour dénoncer les injustices sociales.
Son premier roman important, *La Serpiente de Oro* (1935), est un vibrant hommage à la vie des habitants des rives du fleuve Marañón. Ce roman raconte l'histoire d'une communauté de pêcheurs et de paysans, confrontée aux forces de la nature, mais aussi à l'exploitation humaine. L'œuvre est une plongée poétique dans les traditions et les défis de la vie rurale péruvienne, marquée par un profond respect pour la terre et ses habitants.
En 1939, Alegría publie *Los Perros Hambrientos*, un autre roman emblématique de son œuvre. Cette histoire se concentre sur les difficultés d'une famille de paysans confrontée à une sécheresse dévastatrice et à la famine. Les chiens, compagnons fidèles des paysans, jouent un rôle symbolique dans ce récit, incarnant à la fois la survie et la lutte incessante contre l'adversité.
*Los Perros Hambrientos* est un roman profondément naturaliste, dans lequel Alegría décrit avec une grande précision les paysages arides des Andes et les conditions de vie difficiles des paysans. Le roman dépeint les liens étroits entre l'homme et la nature, tout en mettant en lumière les inégalités sociales et économiques qui exacerbent les souffrances des communautés rurales.
Le roman le plus célèbre de Ciro Alegría, *El Mundo es Ancho y Ajeno* (Le Monde est large et étranger), publié en 1941, est considéré comme l'un des chefs-d'œuvre de la littérature latino-américaine. Ce roman épique raconte l'histoire d'une communauté indigène qui lutte pour défendre ses terres face à l'avidité des grands propriétaires terriens. À travers cette histoire, Alegría dépeint la lutte collective pour la survie et la dignité, tout en dénonçant les injustices structurelles qui pèsent sur les populations indigènes.
Ce roman est souvent comparé aux grandes œuvres du réalisme social, telles que *Les Raisins de la colère* de John Steinbeck. Alegría y décrit avec une grande humanité les personnages indigènes, donnant une voix puissante à ceux qui ont été historiquement marginalisés. *El Mundo es Ancho y Ajeno* est une œuvre profondément politique, qui appelle à une réforme agraire et à la reconnaissance des droits des peuples autochtones.
En raison de ses activités politiques et de son appartenance au mouvement APRA, Ciro Alegría a été exilé plusieurs fois, passant des années à l'étranger, notamment au Chili et aux États-Unis. Cet exil, loin de diminuer son engagement, l'a poussé à continuer d'écrire et de militer pour la cause des paysans et des indigènes.
Il a finalement pu retourner au Pérou en 1948, où il a repris son travail d'écrivain et de journaliste. Bien qu'il ait été actif dans le domaine politique, son rôle en tant que défenseur de la culture indigène et des droits des paysans reste son principal héritage. Son retour au Pérou a marqué une période de réflexion sur les luttes sociales et les réformes nécessaires pour améliorer la condition des communautés rurales.
L'impact de Ciro Alegría sur la littérature péruvienne et latino-américaine est immense. À travers ses romans, il a révélé les réalités brutales de la vie des paysans et des indigènes, tout en célébrant leur résilience et leur lien profond avec la terre. Son œuvre continue d'inspirer les écrivains, les militants et les intellectuels qui luttent pour la justice sociale et la reconnaissance des droits des peuples marginalisés.
Aujourd'hui, Ciro Alegría est considéré comme l'un des plus grands écrivains de la tradition indigenista, aux côtés de figures comme José María Arguedas. Ses romans sont étudiés dans les écoles et les universités, et ils restent des témoignages essentiels de la lutte pour l'égalité et la justice dans le Pérou rural.
Ciro Alegría a marqué l'histoire littéraire et sociale du Pérou par son engagement en faveur des peuples indigènes et des paysans. À travers des œuvres telles que *La Serpiente de Oro*, *Los Perros Hambrientos* et *El Mundo es Ancho y Ajeno*, il a donné une voix aux opprimés, tout en dénonçant les injustices sociales. Son œuvre, profondément enracinée dans la terre et la culture andine, continue d'inspirer les générations futures d'écrivains et de militants. Ciro Alegría restera à jamais un symbole de la lutte pour la justice sociale et la dignité humaine.