Manuel Merino est un homme politique péruvien qui a brièvement occupé la présidence du Pérou en novembre 2020. Né le 20 août 1961 à Tumbes, une région côtière au nord du pays, Merino est issu d'une famille de fermiers et a fait ses débuts en politique à travers divers mandats locaux. Il a étudié l'agronomie, mais c'est dans la sphère politique qu'il s'est véritablement fait connaître, en rejoignant le parti Acción Popular, un des plus anciens partis politiques du Pérou, fondé par l'ancien président Fernando Belaúnde Terry.
Merino a été élu député pour la première fois en 2001, représentant sa région de Tumbes. Pendant plusieurs années, il a exercé une influence modeste au sein de la politique péruvienne, servant notamment en tant que membre du Congrès. Son parcours politique est resté relativement discret jusqu'à ce qu'il devienne président du Congrès péruvien en mars 2020. Ce poste lui a permis d'accéder à un rôle clé dans la politique nationale, au moment où le pays traversait une crise politique majeure.
La présidence de Manuel Merino a commencé de manière controversée après la destitution du président Martín Vizcarra le 9 novembre 2020 par le Congrès, sur des accusations de corruption. Vizcarra, pourtant populaire auprès de la population pour ses efforts contre la corruption, a été démis de ses fonctions dans une manœuvre politique perçue par beaucoup comme étant motivée par des intérêts personnels de certains membres du Congrès. En tant que président du Congrès, Merino a alors assumé la présidence intérimaire du pays, conformément à la Constitution péruvienne.
Cependant, l'ascension de Merino au pouvoir a provoqué une réaction immédiate et massive de la population. Des milliers de Péruviens sont descendus dans les rues pour protester contre ce qu'ils percevaient comme un "coup d'État parlementaire", estimant que la destitution de Vizcarra n'était pas justifiée et que Merino n'avait pas la légitimité pour gouverner. Les manifestations se sont intensifiées au fil des jours, et la gestion des forces de l'ordre a été vivement critiquée pour sa répression violente des protestations. La mort de deux jeunes manifestants le 14 novembre 2020 a exacerbé la crise et a plongé le pays dans une période de profonde instabilité.
Face à la pression croissante des manifestations, des critiques internes et externes, et après seulement cinq jours au pouvoir, Merino a été contraint de démissionner le 15 novembre 2020. Sa présidence a été l'une des plus courtes de l'histoire du Pérou. Il a été remplacé par Francisco Sagasti, qui a assumé la présidence par intérim jusqu'aux élections de 2021.
Le passage éclair de Manuel Merino à la tête de l'État péruvien a laissé des traces profondes dans la vie politique du pays. Son ascension au pouvoir, dans un contexte de forte défiance envers le Congrès, a renforcé le sentiment de méfiance de la population vis-à-vis des institutions politiques. Bien qu'il ait tenté de justifier ses actions comme étant conformes à la Constitution, sa présidence est largement perçue comme une tentative de prise de pouvoir qui a échoué face à la résistance populaire.
Depuis sa démission, Merino a maintenu un profil bas, tout en continuant à défendre son rôle dans cette période turbulente. Néanmoins, son bref mandat reste associé à l'une des crises politiques les plus graves de l'histoire récente du Pérou, marquée par des protestations massives et une répression violente.